Quand j'ai commencé mes recherches, j'étais persuadée comme beaucoup d'avoir un nom de famille unique dont mes frères et soeurs et moi étions les seuls porteurs restants. Et puis au fil de 25 ans de recherche je suis retombée de mon piédestal: notre nom est rare mais il y a une longue histoire derrière lui.
Le premier indice c'est l'origine.

Origine du nom :

Il semble s'agir d'une forme masculinisée du nom de personne féminin d'origine germanique Senegundis (sin = vieux + gund = combat). Une autre version donne pour le début non pas vieux mais sage, correspondant à l'adjectif d'ancien français "sené" (= sensé, sage, prudent, savant).
D’après Jean Louis Dega du groupe " Onomastique_francophone@yahoogroupes.fr ". Ce patronyme vient sans doute d'un ancien nom de personne d'origine germanique SINIGUND. Ce nom de personne existait surtout au féminin : Sinigunda, Senegonde. On connaît au Haut-Moyen-Age par exemple:
- deux Senégonde d'Angoulême
- une Sénégonde d'Aulnay
- une Senégonde de Béziers
- deux Sénégonde de Marcillac
- deux Senégonde de Rouergue

Il a pu exister au masculin.
La racine germanique SINI- a donné aussi "sénéchal" (de "siniskalk" signifiant serviteur le plus âgé) et elle signifie "vieux, âgé". GOND- vient de GUND signifiant "combat, lutte" et a aussi donné en français "gonfanon" (drapeau de combat) et les noms Gontran, Gontier etc. Senegond pourrait donc être interprété comme "vieux combattant" !

Si l'origine du nom est dérivée d'un prénom, existant dans toute la France, il n'y a aucune raison pour que les porteurs soient limités à l'Indre et Loire, effectivement on retrouve au hasard des recherches sur Internet des Sennegond, toutes orthographes confondues, dans diverses régions de France.

Les SENEGON hors département :

Il existe plusieurs branches dans les départements limitrophes :
- En Vendée autour de saint Martin Lars entre 1620 et 1830
- En Maine et Loire vers Meigné Le Vicomte et Dénézé sous le Lude à partir de 1610 avec l'orthographe SéNéGON, et ce jusqu'à nos jours puisqu'on retrouve une Martine Sénégon née vers 1940.
Il n'est pas impossible qu'une partie de cette branche soit à l'origine de notre branche, compte tenu des dates et de la proximité géographique. Mais nous sommes en limite d'existence des actes d'état civil, donc cela va être très difficile à prouver.
- Dans la Sarthe vers 1900 à Saint Georges le Gaultier.
- Il existe aussi des traces à Paris dont un Sennegon cité de nombreuses fois dans les faits divers pour diverses escroqueries.
- Une branche en Bourgogne avec des descendants encore aujourd'hui.
- Et même quelques porteurs du nom implantés en Algérie entre 1930 et 1940.
- On peut noter également un lien avec la famille du peintre Jean Baptiste Corot : Celui ci est élève au collège de Rouen entre 1807 et 1812. Un ami de son père, M. Sennegon, demeurant dans le petit village de Bois-Guillaume, dans la banlieue de Rouen, lui sert de correspondant. La sœur du peintre a même épousé un membre de cette famille Sennegon ce qui a permis au peintre de faire plusieurs portraits de cette famille.

Octavie Sennegon, la nièce du peintre.
Certaines de ces toiles sont visibles au musée du Louvre,

Les SENNEGOND en Indre et Loire:

La première mention bibliographique en Indre et Loire date de 1253.
On trouve trace de Geoffroy Senegon époux de Sybille de Nointreau qui donne les titres et les biens qu'il posséde dans la paroisse de Chemillé aux religieux de Liget.
Un autre Geoffroy, époux cette fois de Mabille Mestivers, conteste la donation de son beau père au profit de l'église de Druye et accepte en dédommagement 30 sols, une vache et son veau.
Pour l'instant il n'est pas possible de dire si ces 2 Geoffroy étaient apparentés ni de trouver leurs descendants.
A partir de ces sources bibliographiques on trouve aussi:
- Aimé Sennegon à Seuilly en 1503
- François Senegon à Marcilly ur Meaulne en 1534
- un René Senneguon charpentier et couvreur de Bourgeuil qui signe un contrat d'engagement pour la Louisiane au départ de la Rochelle.
- En 1631 à Luynes, Louis Sennegon , maçon, signe un contrat avec Pierre Legravier pour les réparations de la grange des Dimes, lieu dit Le Maindray.
- En 1653, une Jeanne Sennegon vend la métairie de Chaslet à Mazières de Touraine au curé Jacques Chabrières.

Ensuite l'ordonnance de Villers-Cotterêts, signée par François Ier en 1539, instituant la tenue obligatoire des registres de baptême, complétée par l'ordonnance de Blois en 1579 qui impose l'enregistrement des mariages et des sépultures, rend les recherches un peu plus aisées, ce qui nous permet de retracer le cheminement des 2 branches principales existantes encore de nos jours: SENNEGOND et SENNEGON.

Les origines : Saint Etienne de Chigny.
En l'état actuel de nos recherches, les premiers SENEGON figurant parmi nos ascendants sont mentionnés dans les registres de Saint Etienne de Chigny à partir de 1590. Une partie reste sur Saint Etienne de Chigny jusqu'en 1791 voir plus tard.

Luynes :
La majeure partie va s’installer à Luynes vers 1634. Entre 1634 et 1688 il y a une importante population portant le nom à Luynes, principalement dans la paroisse de l’hôpital; on note parfois jusqu’à 4 mariages par an, comme en 1667; il y a donc des individus beaucoup plus nombreux qu’actuellement portant ce patronyme. L’orthographe principale reste SENEGON.

Dispersion :
A partir de 1690, l’habitat se disperse vers Mazières ou Cinq Mars la Pile. On commence également à noter des différences d’orthographes sur les registres :
SENGON, SENEGON, SENNEGON, SENEGOND, SENNEGOND, et même plus rarement SENEGUON, SENNEGUON et SENNEGONG.
En 1728 a lieu une nouvelle migration de Luynes vers Saint Cyr sur Loire.
Vers 1785 on retrouve également quelques couples aux Essarts et à Saint Genouph.

Les SENNEGOND:

Depuis Saint Cyr, on les retrouve ensuite à Fondettes puis à La Chapelle aux Naux. Ils arrivent à Bréhémont vers 1850 et c'est à cette période que l’orthographe du nom est fixée définitivement sous la forme SENNEGOND.
Dans cette branche tous les hommes sont pécheurs de métier depuis 1790. A noter dans cette branche une particularité : un goût pour les îles lointaines:
En effet Noël Sennegon (1735 –1792) marié à Saint Cyr / loire a eu, entre autres, 2 enfants Anne et Cyr François. Les 2 premiers, d’ailleurs, à arborer l’extension en d ou en g (pour Anne) à la fin du patronyme.
Les descendants d’Anne sont partis s’installer en Nouvelle Calédonie vers 1870, et dans les descendants de Cyr François nous retrouvons de nos jours des enfants à la Réunion et à la Martinique.
A noter également dans les descendants d’Anne, Stephan BRECARD, champion de France et d’Europe d’aérobic artistique en 2002 et 2003, installé maintenant à Kuala Lumpur en Malaisie.

Les SENEGON:

Partis de Mazières ils s’installent ensuite à Cheillé vers 1800.
Pour cette branche, également, l’orthographe a été très variable entre Luynes et Mazières, pour devenir SENNEGON vers 1800 à l’arrivée à Cheillé. Ils étaient surtout ouvriers agricoles.
Leur descendants, plus nombreux que les SENNEGOND, sont de nos jours restés en Touraine ou dispersés dans toute la France, notamment en région parisienne ou en Bretagne.
Après de nombreuses recherches j'ai pu établir un lien entre ces 2 branches: A l'origine des Sennegond, il y a Louis marié vers 1630, le jour de ce mariage il y a pour témoin son frère Olivier, à l'origine de la branche Sennegon,

Quelques branches dispersées:

L’inventaire complet des mariages en Indre et Loire nous a donné en plus une trentaine de couples avec quelquefois une ou deux générations qui suivent.
On retrouve les diverses orthographes et les mêmes localisations géographiques : Luynes, Saint Etienne de Chigny, Cinq Mars la Pile, Ambillou, Fondettes, Mazières. Donc on peut espérer trouver d’autres liens.
Dans toutes ces branches beaucoup de filles, ce qui explique la perte du nom et rends plus difficile les recherches Certains de leurs descendants habitent encore la région.

De nos jours:

Les diverses orthographes ont évoluées de manière très différentes, et la variante SENNEGON est prépondérante. Les naissances répertoriées depuis 1891 se répartissent comme suit :

Quelles que soient les orthographes, le patronyme est en régression, surtout la branche SENNEGOND. En France, 184 personnes porteraient le nom de famille SENNEGOND, avec ou sans d. Il est le 59 754ème nom le plus porté en France. Sur ces 184 personnes, 111 se trouveraient en Indre et Loire, soit le 1081 ème nom le plus porté.